Les premiers western italiens évoquant la colonisation de l'Est américain ont en réalité été tournés en Espagne. Cette curiosité cinématographique faite de croisements hétéroclites de paysages et de cultures s'est trouvé à nouveau mis en scène très justement par Marco Berettini et Melk Prod dans un café-saloon de Benifailet. Le contexte était idéal pour réactiver cette production qui développait avec humour et cruauté la longe litanie de clichés hollywoodiens. Il se trouve par ailleurs que ce café qu'on aurait volontiers situé en Arizona diffuse habituellement des séries TV américains pendant que les clients tapent le carton. Le contexte était donc particulièrement approprié, entremêlant les multiples et inextricables entrelacs de fiction et de réalité.
Autre effet de parasitage et de détournement: la scène de spectacle équipée de toutes sortes de projecteurs et d'éléments techniques prenait des allures de tournage, précisément de western.
Confrontés au contexte du café qui offrait une proximité immédiate avec le publique, Marco Berettini et Melk Prod ont souhaité au dernier moment instaurer une distance matérialisée par une haie en canisse qui laissait néanmoins transparaître les silhouettes des danseurs.
Le spectacle se déroule lorsque, peu avant la fin, un assistant prend la liberté de démonter la barrière. Le geste particulièrement audacieux manifesta l'évidence selon laquelle les intentions et les réactions des spectateurs font partie du contexte et donc aussi de l'œuvre.
Sébastien Pluot